Réalisé au cours de la dernière saison, 28.77 est un film de ski qui offre une perspective unique sur le Pic du Midi. Valentin Cazaux, le skieur principal et figure centrale de ce projet, partage avec nous les secrets et les moments marquants du tournage dans cette interview exclusive. L’occasion de découvrir les défis, les inspirations et les coulisses de la création de ce film hors normes.
De nombreux films ont déjà été réalisés sur le Pic du Midi. En quoi celui-ci se distingue-t-il des autres ?
Je souhaitais montrer le potentiel que nous donne le Pic du Midi en termes de ski. Il nous offre un terrain de jeu exceptionnel. J’avais une vision précise de ce que je voulais montrer sur l’ensemble de ces faces, « un ski rapide et engagé ». Pour donner vie à cette vision et la traduire en images, il me fallait un soutien technique et créatif. C’est ainsi qu’est née ma collaboration avec Maad Films.
D’où est venue l’idée du film ?
L’idée de ce film est venue après quelques discussions pointues aux alentours de 4 heure du matin et 22 génépis plus tard chez Pierre Castagné. L’envie de faire quelque chose à la maison est devenu une évidence. Amoureux depuis toujours de ce sommet incroyable, j’ai souhaité mettre en lumière ce spot incontournable des Pyrénées.
Comment se prépare en amont un tournage de ce genre ?
C’est toute une histoire. Le projet a réellement débuté en août 2023 avec la préparation d’un support de communication pour vendre notre projet. Après plusieurs allers-retours entre nous ( MAAD et moi), nous avons commencé les démarches auprès de potentiels partenaires. En parallèle, nous avons travaillé sur le projet en lui-même en essayant de trouver un fil conducteur. En effet, mon idée de base était de skier les 4 faces du Pic mais, sans fil conducteur, le film n’aurait pas eu « d’âmes ». La ligne directrice a été ensuite affinée durant le tournage, avec les conditions et les moments partagés.
Un gros travail technique a été réalisé en amont afin de définir la manière dont nous allions filmer les faces (accès, positionnement des cadreurs, possibilité de filmer en drône). Les MAAD ont souhaité sortir la grosse artillerie pour le film, ce qui n’a pas facilité l’organisation. Choix gagnant !
Pour les riders, j’avais sélectionné pas mal de monde, majoritairement des pyrénéens expatriés vivant à Chamonix. La majorité d’entre eux n’ont pas pu venir du fait que j’ai eu du mal à prévoir des créneaux précis sur la saison. La plupart du temps, nous disposions d’à peine une semaine pour planifier, ce qui laissait très peu de marge pour l’organisation. J’ai pu compter sur mes compatriotes locaux pour m’aider à la tâche avec notamment Mathieu Viveau, Paul Chavane, Simon Noguere, Sylvio Egéa et pleins d’autres potes qui nous sont venues faire la dernière session de la saison en face Sud.
Certaines images comme celles au drone FPV sont incroyables. Quels étaient les moyens techniques du film ?
Pour ce film, nous avions différents moyens en fonction des créneaux de disponibilité des techniciens, de la météo et des possibilités sur le terrain. En règle générale, nous avions une caméra principale, RED GEMINI, un drone ainsi que des gopro et caméra 360. Mais sur la face Sud, par exemple, nous avions un drone + un drone fpv sur le départ mais également un autre drone + deux caméras en bas de la face pour filmer l’intégralité du run. Valentin avait également une caméra 360 sur lui.
Malgré l’accès en téléphérique, il vous a fallu sortir les peaux. Peux-tu nous raconter ?
Oui, pour certaines prises de vue une partie de l’équipe s’est positionnée en face en mode rando. Pour le tournage du couloir des Poubelles, ils ont même passé la nuit dans la cabane d’Arizes pour être prêts à tourner dès le lever du soleil. Côté skieur, certaines faces nous font atterrir dans des vallées qui ne nous ramènent pas à la station de ski par gravité. Par soucis logistique et de timing nous avons aussi sorti les peaux pour remonter sur la classique du Pic du Midi notamment après la descente de la face Ouest et de la Est. Toujours un très bon moment de convivialité avec du matos freeride bien lourd.
Les conditions pyrénéennes étant souvent aléatoires, comment vous êtes-vous adaptés à cette réalité ?
La saison dernière a été une saison très difficile niveau conditions, un vrai casse-tête. Pour être honnête, nous avons commencé à shooter les faces seulement début Mars ! Les conditions étaient assez incroyables dans la face Nord à ce moment-là. Pour les autres faces, c’était plus compliqué mais, d’un commun accord, nous avons choisi de skier quand même dans ces conditions difficiles sur des créneaux de beaux temps. A mon sens, le film reflète la réalité du terrain qui est souvent masquée dans les autres films de ski.
Peux-tu nous dire deux mots sur Maad films qui produit 28.77 ?
MAAD films est une boîte de production basée en Bigorre fondée par Baptiste CIBAT et Florian CUZACQ. Ils travaillent principalement dans le monde de l’outdoor sur de la publicité et du clip musical. Florian, qui est à la réalisation du film, a déjà réalisé plusieurs films de ski et a notamment reçu le prix du meilleur montage lors du Freeride Film festival de Tarbes en 2018.
Peux-tu nous dire deux mots sur toi ?
Natif du Pays Toy (Luz Saint Sauveur), j’ai débuté le ski à l’âge 2 ans avec mes parents à Luz Ardiden. J’ai commencé par le ski de compétition jusqu’à mes 18 ans. Après avoir eu mes épreuves techniques pour le diplôme de ski, j’ai changé de direction pour me mettre au freestyle avec « Les tubes de Glace », c’est d’ailleurs pendant cette période que j’ai rencontré Florian. De nombreux tassages de vertèbres plus tard, mes yeux se sont tournés vers la montagne. Après quelques sorties « banales », mon pote Jordi NOGUERE m’embarque pour le couloir SWAN que l’on aura skier intégralement ce jour-là. Pendant trois ans, je me suis consacré à cette pratique avec notamment quelques belles descentes aux couloirs de Gaubes, au Marboré, aux Astazou… toujours partagé avec des partenaires en or. Notre trip en Iran avec les frères Noguère ne nous aura pas laissé indifférents non plus. Aujourd’hui je suis toujours autant passionné par le ski, mais mon envie d’engagement et de prise de risque semble s’être légèrement estompée.
Votre meilleur souvenir sur le tournage ?
Lors du tournage, il y a eu pas mal de moments assez forts, mais le lever du soleil sur la face Nord était particulièrement incroyable. Nous étions montés la veille au Pic dans les nuages et la tempête, la visibilité n’était pas supérieure à 5 m ! Et ce matin-là, pas nuage à l’horizon, la face était vierge, les conditions étaient au rendez-vous. Nous avons eu un lever de soleil extraordinaire. C’était vraiment un moment hors du temps.
Votre plus grand regret ?
Forcément un peu les conditions mais dans l’ensemble je ne regrette rien.
Où et quand pourra-t-on voir le film ?
Nous travaillons sur la diffusion du film en ce moment, mais nous l’avons déjà diffusé à l’Outdoor Films Festival de Bagneres de Bigorre, ainsi que lors d’évènements dans des shop et des projections sont prévues entre La Mongie, Barèges et Luz. Plus tard dans l’année, il sera disponible en ligne !
Avez-vous d’autres projets “ski” prévus prochainement ?
Il reste une pâle sur le Pic Du Midi que nous souhaitons absolument filmer, mais elle est très rarement en condition et très technique. Si l’opportunité se présente, nous sauterons sur l’occasion pour réaliser des images mais autrement. Cette saison sera consacrée aux plaisirs simples du ski. J’ai quelques idées dans la tête mais elles pourront attendre la saison prochaine.