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(Interview & photos) Boris Langenstein – le Nanga Parbat à skis

Après le Laila Peak l’année dernière, Boris et Tiphaine rentrent de 2 mois au Pakistan avec deux belles réalisations. Boris nous en dit plus sur cette expé à travers une petite interview. Ils ont réussi à skier le Nanga Parbat et se sont payés le luxe de réaliser une beau 7000m jamais skié en guise d’acclimatation. (Photos : Boris Langenstein)

Comment avez-vous eu l’idée d’aller skier au Nanga Parbat (8215m) ? Pourquoi ce sommet ? 

L’ année dernière juste après le Laila peak nous avions déjà décidé. Nous voulions revenir au Pakistan, partir plus longtemps, deux mois, nous  acclimater sur un 7000 et aller faire un 8000 derrière. Nous avons tout de suite pensé au Nanga Parbat, c’est une très belle montagne avec surtout une face de presque 4000m et plusieurs lignes intégralement skiables. 

Est-ce compliqué d’organiser une telle expé autant sur l’aspect logistique que financier ? 

Nous utilisons les services d’une agence Pakistanaise ( North Pakistan Adventure). Ishaq (le manager ) s’occupe de toute la partie logistique : Permis, aide pour les visas, transports, porteurs, nourriture et cuisinier pour le camp de base… C’est donc très facile à organiser et très confortable sur place. 
D’un point de vue financier, le Pakistan reste nettement moins cher que le le Népal et c’est encore plus vrai pour les 8000 mais cela reste très variable en fonction de la taille du groupe. A 2 cela coûte forcement pas mal d’argent !  Cette année nous avons eu la chance d’avoir quelques aides ( clients+ équipementiers) avec lesquelles nous avons pu financer une partie de l’expe. Le reste nous le finançons personnellement via nos activités de guide/pisteur 

Aviez-vous d’autres expériences à 8000 ? 

J’avais déjà quelques expériences, mais toujours rencontré des conditions très dangereuses où il était difficile de s’engager sur le sommet 
Nous avions tenté avec Tiphaine et Carole le Shishapangma en 2016 sans succès ( demi tour à 7300 m). 
J’avais également tenté le Dhaulagiri en 2010 avec Grégory Costa sans réussite aussi ! 
Cette année, c’est la première fois ou nous avons pu bénéficier de bonnes conditions et vraiment tenter le sommet. 

Vous vous êtes acclimatés d’une belle façon sur un 7000. La transition pour remonter ensuite à 8000m n’est pas trop dure ? 

C’est plutôt sympa de faire deux expéditions en une mais il faut pas trop se relâcher pendant la transition et rester très motivés ! 
Le Spantik était vraiment une super expédition, les conditions n’étaient pas faciles et un peu dangereuses, beaucoup trop de neige. Le skier était une jolie réussite mais c’était difficile de bien l’apprécier, nous pensions déjà au Nanga Parbat. 

Y-avait-il du monde sur le Nanga Parbat ? 

Il y avait 4 autres expéditions, dont une autre a ski. 
En tout avec nous cela faisait 14 grimpeurs. 

Quel est l’itinéraire dans les grandes lignes pour skier le Nanga Parbat ? 

Il y a beaucoup de possibilités sur le Nanga Parbat, depuis le Glacier du Diama jusqu’au glacier du Diamir. Les conditions dépendent vraiment de l’enneigement et si la glace est bien recouverte dans les parties raides. 
Notre plan de départ était de skier la voie  Messner 1970 une ligne direct depuis le sommet mais la glace était encore trop présente. 
Le premier jour au camp de base nous sommes montés presque jusqu’au camp 2 et grimper une partie du Kinshofer. Nous avons fixés 50 m de cordes  dans le bas de la partie raide et pu observer le reste du mur Kinshofer. Les vieilles cordes fixes étaient encore accessibles et utilisables pour grimper nous sommes redescendus. 
Nous avons fait un repérage également sur le Diama ou nous avons  pu monter jusqu’à 7500m et repérer la descente et la jonction entre le camp 4 de la voie normale et le versant Diama. 
Nous avions comme ça deux options pour redescendre du Nanga. Soit par la voie normale Kinshofer et sa variante dans le bas soit par le versant Diama 

Comment s’est déroulée votre ascension et quelles conditions avez-vous rencontrées? 

Nous voulions montés par la voie normale Kinshofer et redescendre par le Diama. 
Nous sommes montés directement au camp 2 depuis le camp de base, puis camp 3 et camp 4. Il y avait beaucoup de neige et la trace n’était pas facile à faire mais les conditions avalancheuses pas trop dangereuses. Du camp 4 nous avons fait une première tentative jusqu’au sommet. Une météo menaçante et une heure un peu trop tardive nous ont contraints à faire demi-tour à 8030 m. A ski  à la lueur de nos smartphones nous avons pu rejoindre notre camp vers 21h. 
Après une journée de repos au camp 4 nous avons pu faire une deuxième tentative. Réveil à minuit trente pour un départ à 3h30 nous avons battu notre record de préparation !  
Malheureusement notre trace avait disparu, nous nous sommes relayés pour la refaire jusqu’à 7800 m ou Tiphaine a arrêté et m’a attendu dans un trou de neige derrière un caillou. J’ai rejoint le sommet seul vers 17h30, 14h après avoir quitté notre camp. A la descente après avoir redescendu la partie rocheuse j’ai pu chausser mes skis à 8080m et récupérer mon amie Tiphaine à 7800m et nous sommes redescendus ensemble au soleil couchant à notre camp. Le lendemain, bien fatigués par nos 4 nuits à 7250m, et après une petite matinée de repos, nous sommes redescendus à notre camp de base en utilisant une variante du mur Kinshofer. (cela permet de descendre à ski). La neige était très correcte mais nos corps un peu éprouvés.
Nous avons pu grimper toute la voie en technique alpine sauf les 150 mètres du mur Kinshofer où nous avons utilisé les cordes fixes. 
Nous avons pu faire une descente intégrale skis aux pieds mais utilisés 100 m de cordes fixes sous le camp 3 pour nous aider à passer 100 m de glace. 

Qu’avez vous prévu cet été pour vous remettre de cette belle réalisation ? 

Il faut maintenant renflouer les caisses, une saison de guide de haute montagne! 

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  1. Matthieu